États Courts : moments suspendus à Éléphant Paname
Ne pas se priver de ce pur moment de grâce ! Une création originale chorégraphiée par Nicolas Noël et interprétée, entre autre, par lui et d’autres anciens de l’Opéra de Paris. Pour une ultime représentation de ce spectacle, rendez-vous à Éléphant Paname vendredi 29 novembre.
Sous le dôme de ce lieu exceptionnel, on a des étoiles plein les yeux. Forcément. D’abord pour l’exigence de cette proposition, la technique imparable au service d’un lyrisme échevelé. Surtout, les interprètes d’États Courts donnent à voir, à ressentir. Dans un monde où l’on nous apprend à tout contrôler et où l’on préfère paraître plutôt que d’être, ils tombent le masque pour partager leurs émotions.
Leçon de vie
Car, inéluctablement, États Courts invite à réfléchir sur la condition humaine. Le chorégraphe nous invite, en effet, à se laisser porter par une certaine histoire de l’humanité, celle de nos états courts : « J’appelle états courts tout ce qui nous traverse et tout ce que nous sommes. Ce qu’il faut vivre pour toucher l’éternité ».
Ici, néoclassicisme et contemporain se mêlent harmonieusement. Ces anciens de l’Opéra de Paris ne renient pas leurs classiques et certaines sortent même les pointes, à un moment. Danse sensuelle et imagée, Nicolas Noël offre une belle partition qui embrase autant les interprètes que le public. S’appuyant sur un jeu de lumières soigné, sur une playlist allant de Philipp Glass à Armand Amar, il utilise à merveille les talents de chacun, lesquels partagent leurs différents états d’âme avec générosité.
Tous rayonnent
Chaque danseur excelle, impose sa présence scénique et prend plaisir à évoluer sous nos yeux éblouis. Au plus près du public. Grâce aussi au dispositif circulaire, les spectateurs sont touchés en plein cœur. Ainsi, la danse tellurique de Maria Stefania Di Renzo contraste avec celle, aérienne et toute en délicatesse, de Fanny Fiat, Noémie Djiniadhis et Nicolas Noël, lui-même, dont la gestuelle ample et la puissance nous charment.
En revanche, nous avons été moins convaincue par le didactisme du texte, même s’il est très bien pris en charge par la comédienne Alexandra Fournier. Heureusement, cette sorte de maîtresse de cérémonie laisse peu à peu place à la poésie. Les mouvements se suffisent largement à eux-mêmes.
Autres pointures programmées à Éléphant Paname
Après cette ultime représentation, place à de nouvelles propositions qui font aussi rimer audace, surprise et qualité : les récitals lyriques intimes de Cyril Dubois (ténor), puis Annick Massis (soprano), toujours sous le Dôme d’Éléphant Paname (programmation 2020 ici).
Rencontrez également Julien Benhamou (photographe et portraitiste de danse), Agnès Letestu (danseuse étoile et costumière), Viviane Descoutures (danseuse répétitrice) ou Isabelle Ciaravola (danseuse étoile) pour des Confidanses rares sur leur carrière. L’occasion de découvrir les coulisses de la création, d’échanger avec des personnalités inspirantes.
Autant de moments suspendus à ne manquer sous aucun prétexte ! Fanny Fiat n’est pas seulement une danseuse hors pair. Maintenant qu’elle est libre comme l’art (elle a quitté l’Opéra en 2009), elle est, aux côtés de son frère Laurent Fiat, une programmatrice avisée et une directrice artistique éclairée, faisant remarquablement vivre ce centre d’art et de danse Éléphant Paname.
Sarah Meneghello
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